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samedi 23 novembre 2013

LA GUERISON ET L'AUTOGUERISON PAR LA MUSIQUE ET LA SUGGESTION: METHODE D'EMILE COUE...

La suggestion ou plutôt l'autosuggestion est un sujet tout à fait nouveau, en même temps qu'il est aussi vieux que le monde. Il est nouveau en ce sens que, jusqu'à présent, il été mal étudié et, par conséquent, mal connu; il est ancien parce qu'il date de l'apparition de l'homme sur la terre. En effet, l'autosuggestion est un instrument que nous possédons en naissant, et cet instrument ou,
mieux, cette force est douée d'une puissance inouïe, incalculable, qui, suivant les circonstances, produit les meilleurs ou les plus mauvais effets. La connaissance de cette force est utile à chacun de nous, mais elle est plus particulièrement indispensable aux médecins, aux magistrats, aux avocats, aux éducateurs de la jeunesse.
       Lorsqu'on sait la mettre en pratique d'une façon consciente, on évite d'abord de provoquer chez les autres des autosuggestions mauvaises dont les conséquences peuvent être désastreuses, et ensuite l'on en provoque consciemment de bonnes qui ramènent la santé physique chez les malades, la santé morale chez les névrosés, les dévoyés, victimes inconscientes d'autosuggestions antérieures, et aiguillent dans la bonne voie des esprits qui avaient tendance à s'engager dans la mauvaise.

L'être conscient et l'être inconscient
Pour bien comprendre les phénomènes de la suggestion ou, pour parler plus justement, de l'autosuggestion, il est nécessaire de savoir qu'il existe en nous deux individus absolument distincts l'un de l'autre. Tous deux sont intelligents : mais, tandis que l'un est conscient, l'autre
est inconscient. C'est la raison pour laquelle son existence passe généralement inaperçue (l’inconscient, ou subconscient, notre soi subtil, incorporel, esprit, moteur, Entité plus). Et cependant cette existence est facile à constater, pour peu qu'on se donne la peine d'examiner certains phénomènes et qu'on veuille bien y réfléchir quelques instants. En voici des exemples:
Tout le monde connaît le somnambulisme, tout le monde sait qu'un somnambule se lève la nuit, sans être éveillé, qu'il sort de sa chambre après s'être habillé ou non, qu'il descend des escaliers,
traverse des corridors et que, après avoir exécuté certains actes ou accompli certain travail, il revient à sa chambre, se recouche, et montre le lendemain le plus grand étonnement en trouvant terminé un travail qu'il avait laissé inachevé la veille. Cependant, c'est lui qui l'a fait, bien qu'il n'en sache rien. A quelle force son corps a-t-il obéi si ce n'est à une force inconsciente, à son
être inconscient ? Considérons maintenant, si vous le voulez bien, le cas trop fréquent, hélas! d'un alcoolique atteint de delirium tremens. Comme pris d'un accès de démence, il s'empare d'une arme quelconque, couteau, marteau, hachette, et frappe, frappe furieusement ceux qui ont le malheur d'être dans son voisinage. Quand, l'accès terminé, l'homme recouvre ses sens, il contemple avec horreur la scène de carnage qui s'offre à sa vue, ignorant que c'est lui-même qui en est l'auteur. Ici encore, n'est-ce pas l'inconscient qui a conduit ce malheureux ? Si nous comparons l'être conscient à l'être inconscient, nous constatons que, tandis que le conscient est doué souvent d'une mémoire très infidèle, l'inconscient, au contraire, est pourvu d'une mémoire merveilleuse, impeccable, qui enregistre à notre insu les moindres événements, les moindres faits de notre existence.

De plus, il est crédule et accepte, sans raisonner, ce qu'on lui dit. Et comme c'est lui qui préside au fonctionnement de tous nos organes par l'intermédiaire du cerveau, il se produit ce fait qui vous semblera plutôt paradoxal que, s'il croit que tel ou tel organe fonctionne bien ou mal, que nous ressentons telle ou telle impression, cet organe, en effet, fonctionne bien ou mal, ou bien nous ressentons telle ou telle impression. Non seulement l'inconscient préside aux fonctions de notre organisme, mais il préside aussi à l'accomplissement de toutes nos actions quelles qu'elles soient. C'est lui que nous appelons imagination et qui, contrairement à ce qui est admis, nous fait toujours agir, même et surtout contre notre volonté lorsqu'il y a antagonisme entre ces deux forces.

Volonté et Imagination
Si nous ouvrons un dictionnaire et que nous cherchions le sens du mot volonté, nous trouverons cette définition : « Faculté de se déterminer librement à certains actes. » Nous acceptons cette
définition comme vraie, inattaquable. Or, rien n'est plus faux, et cette volonté, que nous revendiquons si fièrement, cède toujours le pas à l'imagination. C'est une règle absolue qui ne souffre aucune exception.
« Blasphème ! paradoxe ! » vous écrierez-vous. « Nullement.
Vérité, pure vérité », vous répondrai-je. Et pour vous en convaincre, ouvrez les yeux, regardez autour de vous, et sachez comprendre ce que vous voyez. Vous vous rendez compte alors que ce que je vous dis n'est pas une théorie en l'air, enfantée par un cerveau malade, mais la simple expression de ce qui est. Supposons que nous placions sur le sol une planche de 10 mètres de long sur 0,25 mètre de large: il est évident que tout le monde sera capable d'aller d'un bout à l'autre de cette planche sans mettre le pied à côté. Changeons les conditions de l'expérience et supposons cette planche placée à la hauteur des tours d'une cathédrale : quelle est donc la personne qui sera capable de s'avancer, seulement d'un mètre, sur cet étroit chemin ? Est-ce vous qui m'écoutez ? Non, sans doute. Vous n'auriez pas fait deux pas que vous vous mettriez à trembler; et que, malgré tous vos efforts de volonté, vous tomberiez infailliblement sur le sol.
Pourquoi donc ne tomberez-vous pas si la planche est à terre et pourquoi tomberez-vous si elle est élevée ? Tout simplement parce que, dans le premier cas, vous vous imaginez qu'il vous est facile d'aller jusqu'au bout de cette planche, tandis que, dans le second, vous vous imaginez que vous ne le pouvez pas. Remarquez que vous avez beau vouloir avancer: si vous vous imaginez que vous ne le pouvez pas, vous êtes dans l'impossibilité absolue de le faire. Si des couvreurs, des charpentiers, sont capables d'accomplir cette action, c'est qu'ils s'imaginent qu'ils le peuvent.
Le vertige n'a pas d'autre cause que l'image que nous nous faisons que nous allons tomber; cette image se transforme immédiatement en acte, malgré tous nos efforts de volonté, d'autant plus vite même que ces efforts sont plus violents.
          Considérons une personne atteinte d'insomnie. Si elle ne fait pas d'efforts pour dormir, elle restera tranquille dans son lit. Si, au contraire, elle veut dormir, plus elle fait d'efforts, plus elle est agitée. N'avez-vous pas remarqué que plus vous voulez trouver le nom d'une personne que vous croyez avoir oublié, plus il vous fuit, jusqu'au moment où, substituant dans votre esprit l'idée « ça va venir » à l'idée « j'ai oublié », le nom vous revient tout seul, sans le moindre effort ? Que ceux qui font de la bicyclette se rappellent leurs débuts. Ils étaient sur la route, se cramponnant à leur guidon, dans la crainte de tomber. Tout à coup, apercevant au milieu du chemin un cheval ou même un simple petit caillou, ils cherchaient à éviter l'obstacle, mais plus ils faisaient d'efforts pour l'éviter, plus droit ils se dirigeaient sur lui. A qui n'est-il pas arrivé d'avoir le fou rire, c'est-à-dire un rire qui éclatait d'autant plus violemment que l'on faisait plus d'efforts pour le retenir ? Quel était l'esprit de chacun dans ces différentes circonstances ? Je veux ne pas tomber, mais je ne peux pas m'en empêcher; je veux dormir, mais je ne peux pas; je veux trouver le nom de madame Chose, mais je ne peux pas; je veux éviter l'obstacle, mais je ne peux
pas; je veux contenir mon rire, mais je ne peux pas. Comme on le voit, dans chacun de ces conflits, c'est toujours l'imagination qui l'emporte sur la volonté, sans aucune exception.
Dans le même ordre d'idées ne savons-nous pas qu'un chef qui se précipite en avant, à la tête de ses troupes, les entraîne toujours après lui, tandis que le cri « Sauve qui peut! » détermine presque fatalement une déroute ? Pourquoi ? C'est que, dans le premier cas, les hommes
s'imaginent qu'ils doivent marcher en avant et que, dans le second, ils s'imaginent qu'ils sont vaincus et qu'il leur faut fuir pour échapper à la mort. Panurge n'ignorait pas la contagion de l'exemple, c'est-à-dire l'action de l'imagination quand, pour se venger d'un marchand avec
lequel il naviguait, il lui achetait son plus gros mouton et le jetait à la mer, certain d'avance que le troupeau suivrait tout entier, ce qui eut lieu, du reste.
         Nous autres, hommes, nous ressemblons plus ou moins à la gent moutonnière et, contre notre gré, nous suivons irrésistiblement l'exemple d'autrui, nous imaginant que nous ne pouvons faire autrement. Je pourrais citer encore mille autres exemples, mais je craindrais que cette énumération ne devînt fastidieuse. Je ne puis cependant passer sous silence ce fait qui montre la puissance énorme de l'imagination, autrement dit, de l'inconscient dans sa lutte contre la
volonté.
            Il y a des ivrognes qui voudraient bien ne plus boire, mais qui ne peuvent s'en empêcher. Interrogez-les, ils vous répondront, en toute sincérité, qu'ils voudraient être sobres, que la boisson les dégoûte, mais qu'ils sont irrésistiblement poussés à boire, malgré leur volonté,
malgré le mal qu'ils savent que cela leur fera... De même, certains criminels commettent des crimes malgré eux, et quand on leur demande pourquoi ils ont agi ainsi, ils répondent: «Je
n'ai pas pu m'en empêcher, cela me poussait, c'était plus fort que moi.» Et l'ivrogne et le criminel disent vrai; ils sont forcés de faire ce qu'ils font, par la seule raison qu'ils s'imaginent ne pas pouvoir s'en empêcher. Ainsi donc, nous qui sommes si fiers de notre volonté, nous qui
croyons faire librement ce que nous faisons, nous ne sommes en réalité que de pauvres fantoches dont notre imagination tient tous les fils. Nous ne cessons d'être ces fantoches (marionnettes) que lorsque nous avons appris à la conduire.

Suggestion et Autosuggestion
D'après ce qui précède, nous pouvons assimiler l'imagination à un torrent qui entraîne finalement le malheureux qui s'y est laissé tomber malgré sa volonté de gagner la rive. Ce torrent semble indomptable; cependant, si vous savez vous y prendre, vous le détournerez de son cours, vous le conduirez à l'usine, et là, vous transformerez sa force en mouvement, en chaleur, en électricité.
Si cette comparaison ne vous semble pas suffisante, nous assimilerons l'imagination (la folle du logis, comme on s'est plu à l'appeler) à un cheval sauvage qui n'a ni guides, ni rênes. Que peut
faire le cavalier qui le monte, sinon se laisser aller où il plaît au cheval de le conduire ? Et souvent alors, si ce dernier s'emporte, c'est dans le fossé que s'arrête sa course. Que le cavalier vienne à mettre des rênes à ce cheval, et les rôles sont changés. Ce n'est plus lui qui va où il
veut, c'est le cavalier qui fait suivre au cheval la route qu'il désire. Maintenant que nous nous sommes rendu compte de la force énorme de l'être inconscient ou imaginatif, je vais montrer que cet être, considéré comme indomptable, peut être aussi facilement dompté qu'un torrent ou un cheval sauvage. Mais avant d'aller plus loin, il est nécessaire de définir soigneusement deux mots que l'on emploie souvent, sans qu'ils soient toujours bien compris. Ce sont les mots suggestion et autosuggestion. Qu'est-ce donc que la suggestion ? On peut la définir « l'action d'imposer une idée au cerveau d'une personne ». Cette action existe-telle réellement ? A proprement parler, non. La suggestion n'existe pas en effet par elle-même; elle n'existe et ne peut exister qu'à la condition sine qua non de se transformer chez le sujet en autosuggestion. Et ce mot, nous le définirons « l'implantation d'une idée en soi-même par soi-même ». Vous pouvez suggérer quelque chose à quelqu’un: si l'inconscient de ce dernier n'a pas accepté cette suggestion, s'il ne l'a pas digérée, pour ainsi dire, afin de la transformer en autosuggestion, elle ne produit aucun effet. Il m'est arrivé quelquefois de suggérer une chose plus ou moins banale à des sujets obéissants d'ordinaire, et de voir ma suggestion échouer. La raison en est que l'inconscient de ces sujets s'était refusé à l'accepter et ne l'avait pas transformée en autosuggestion.

Emploi de l'autosuggestion
Je reviens à l'endroit où je disais que nous pouvons dompter et conduire notre imagination comme on dompte un torrent ou un cheval sauvage. Il suffit pour cela, d'abord de savoir que cela est possible (ce que presque tout le monde ignore), et ensuite d'en connaître le moyen.
Eh bien! ce moyen est fort simple : c'est celui que, sans le vouloir, sans le savoir, d'une façon absolument inconsciente de notre part, nous employons souvent mal et pour notre plus grand dam. Ce moyen c'est l'autosuggestion. Tandis que, habituellement, on s'auto suggère inconsciemment, il suffit de s'auto suggérer consciemment, et le procédé consiste en ceci: d'abord, bien penser avec sa raison les choses qui doivent faire l'objet de l'autosuggestion et, selon qu'elle répond oui ou non, se répéter plusieurs fois, sans penser à autre chose « Ceci vient » ou « Ceci se passe », « Ceci sera » ou « ne sera pas », etc., et si l'inconscient accepte cette suggestion, s'il s'auto suggère, on voit la ou les choses se  réaliser de point en point. Ainsi entendue, l'autosuggestion n'est autre chose que l'hypnotisme tel que je le comprends, et que je définis par ces simples mots: Influence de l'imagination sur l'être moral et l'être physique de
l'homme. Or cette action est indéniable, et, sans revenir aux exemples précédents, j'en citerai quelques autres. Si vous vous persuadez à vous-même que vous pouvez faire une chose quelconque, pourvu qu'elle soit possible, vous la ferez, si difficile qu'elle puisse être. Si au contraire, vous vous imaginez ne pas pouvoir faire la chose la plus simple du monde, il vous est impossible de la faire et les taupinières (égouts, galeries) deviennent pour vous des montagnes infranchissables. Tel est le cas des neurasthéniques (déprimés, dépressifs) qui, se croyant incapables du moindre effort, se trouvent souvent dans l'impossibilité de faire seulement quelques pas sans ressentir une extrême fatigue. Et ces mêmes neurasthéniques, quand ils font des efforts pour sortir de leur tristesse s'y enfoncent de plus en plus, semblables au malheureux qui s'enlisent et qui s'enfoncent d'autant plus vite qu'ils font plus d'efforts pour se sauver. De même il suffit de penser qu'une douleur s'en va pour sentir en effet cette douleur disparaître peu à peu et, inversement, il suffit de penser que l'on souffre pour que l'on sente immédiatement venir la souffrance. Je connais certaines personnes qui prédisent qu'elles auront la migraine tel jour, dans telles circonstances et, en effet, au jour dit, dans les circonstances données, elles la ressentent. Elles se sont elles-mêmes donné leur mal, de même que d'autres se guérissent le leur par autosuggestion consciente. Je sais que, généralement, on passe pour fou aux yeux du monde
quand on ose émettre des idées qu'il n'est pas habitué à entendre. Eh bien ! au risque de passer pour fou, je dirai que, si nombre de personnes sont malades moralement et physiquement, c'est qu'elles s'imaginent être malades, soit au moral, soit au physique; si certaines personnes sont paralytiques, sans qu'il y ait aucune lésion chez elles, c'est qu'elles s'imaginent être paralysées, et c'est parmi ces personnes que se produisent les guérisons les plus extraordinaires. Si certains sont heureux ou malheureux, c'est qu'ils s'imaginent être heureux, ou malheureux, car deux personnes, placées exactement dans les mêmes conditions, peuvent se trouver, l'une parfaitement
heureuse, l'autre absolument malheureuse. La déprime, le bégaiement, les phobies, la kleptomanie, certaines paralysies, etc., ne sont autre chose que le résultat de l'action de
l'inconscient sur l'être physique ou moral.
Mais si notre inconscient est la source de beaucoup de nos maux, il peut aussi amener la guérison de nos affections morales et physiques. Il peut, non seulement réparer le mal qu'il a fait, mais
encore guérir des maladies réelles, si grande est son action sur notre organisme. Isolez-vous dans une chambre, asseyez-vous dans un fauteuil, fermez les yeux pour éviter toutes distractions, et pensez uniquement pendant quelques instants : « telle chose est en train de disparaître »,« telle chose est en train de venir ». Si vous vous êtes fait réellement de l'autosuggestion, c'est-à-dire
si votre inconscient a fait sienne l'idée que vous lui avez offerte, vous êtes étonné de voir se produire la chose que vous avez pensée. (Il est à noter que le propre des idées auto suggérées est d'exister en nous à notre insu et que nous ne pouvons savoir qu'elles y existent que par les
effets qu'elles produisent.) Mais surtout, et cette recommandation est essentielle, que la volonté n'intervienne pas dans la pratique de l'autosuggestion; car, si elle n'est pas d'accord avec l'imagination, si l'on pense : « je veux que telle ou telle chose se produise », et que l'imagination dise: « tu le veux, mais cela ne sera pas », non seulement on n'obtient pas ce que l'on veut, mais encore on obtient exactement le contraire. Cette observation est capitale, et elle explique pourquoi les résultats sont si peu satisfaisants quand, dans le traitement des affections morales, on s'efforce de faire la rééducation de la volonté. C'est à l'éducation de l'imagination qu'il faut s'attacher, et c'est grâce à cette nuance que ma méthode a souvent réussi là où d'autres, et non
des moindres, avaient échoué.
D'après ce qui vient d'être dit, il semblerait que personne ne dût jamais être malade. Cela est vrai. Toute maladie, presque sans exception, peut céder à l'autosuggestion, si hardie et si invraisemblable que puisse paraître mon affirmation; je ne dis pas cède toujours, mais peut céder, ce qui est différent. Mais pour amener les gens à pratiquer l'autosuggestion consciente, il faut leur enseigner comment faire, de même qu'on leur apprend à lire ou à écrire, qu'on leur enseigne la musique, etc.
L'autosuggestion est, comme je l'ai dit plus haut, un instrument que nous portons en nous en naissant et avec lequel nous jouons inconsciemment toute notre vie comme un bébé joue avec un hochet. Mais c'est un instrument dangereux, il peut vous blesser, vous tuer même, si vous le maniez imprudemment et inconsciemment. Il vous sauve, au contraire, quand vous savez l'employer d'une façon consciente. On peut dire de lui ce qu'Esope disait de la langue : « C'est
la meilleure et, en même temps, la plus mauvaise chose du monde. » Je vais vous expliquer maintenant comment on peut faire pour que tout le monde ressente l'action bienfaisante de l'autosuggestion appliquée d'une façon consciente. En disant « tout le monde », j'exagère un peu, car il y a deux classes de personnes chez lesquelles il est difficile de provoquer
l'autosuggestion consciente:
1° Les arriérés qui ne sont pas capables de comprendre ce que vous leur dites.
Les gens qui ne consentent pas à comprendre.           
Manière de procéder pour apprendre au sujet à s’autosuggestionner
Le principe de la méthode se résume en ces quelques mots · On ne peut penser qu'à une chose à la fois, c'est-à-dire que deux idées peuvent se juxtaposer, mais non se superposer dans notre esprit. Toute pensée occupant uniquement notre esprit devient vraie pour nous et a tendance à se transformer en acte. Donc, si vous arrivez à faire penser à un malade que sa souffrance
disparaît, elle disparaîtra; si vous arrivez à faire penser à un kleptomane qu'il ne volera plus, il ne volera plus, etc.
Manière de procéder pour faire de la suggestion curative
Quelle que puisse être l'affection du sujet, qu'elle soit physique ou morale, il importe de procéder toujours de la même façon et de prononcer les mêmes paroles avec quelques variantes, suivant les cas. Vous dites au sujet: « Asseyez-vous et fermez les yeux. Je ne veux pas essayer de vous endormir, c'est inutile. Je vous prie de fermer les yeux simplement pour que votre attention ne soit pas distraite par les objets qui frappent votre regard. Dites-vous bien maintenant que toutes les paroles que je vais prononcer vont se fixe dans votre cerveau, s'y imprimer, s'y graver, s'y incruster, qu'il faut qu'elles y restent toujours fixées, imprimées, incrustées, et que sans que vous le vouliez, sans que vous le sachiez, d'une façon tout à fait inconsciente de votre part, votre organisme et vous-même devrez y obéir. Je vous dis d'abord que, tous les jours, trois fois par jour, le matin, à midi, le soir, à l'heure des repas, vous aurez faim, c'est-à-dire que vous éprouverez cette sensation agréable qui fait penser et dire: «Oh ! que je mangerais donc avec plaisir ! » Vous mangerez en effet avec plaisir et grand plaisir sans toutefois trop manger. Mais vous aurez soin de mastiquer longuement vos aliments de façon à les transformer en une espèce de pâte molle que vous avalerez. Dans ces conditions vous digérerez bien et vous ne ressentirez, ni dans l'estomac, ni dans l'intestin, aucune gêne, aucun malaise, aucune douleur, de quelque nature que ce soit. L'assimilation se fera bien et votre organisme profitera de tous vos aliments pour en faire du sang, du muscle, de la force, de l'énergie, de la vie, en un mot. « Puisque vous aurez bien digéré, la fonction intestinale s'accomplira normalement et tous les matins, en vous levant, vous éprouverez le besoin d'évacuer et, sans avoir jamais besoin d'employer aucun médicament, de recourir à un artifice quel qu'il soit, vous obtiendrez un résultat normal et satisfaisant. « De plus, toutes les nuits, à partir du moment où vous désirerez vous endormir jusqu'au moment où vous désirerez vous éveiller le lendemain matin, vous dormirez d'un sommeil profond, calme, tranquille, pendant lequel vous n'aurez pas de cauchemars, et au sortir
duquel vous serez tout ~ fait bien portant, tout à fait dispos. « D'un autre côté, s'il vous arrive quelquefois d'être triste, d'être sombre, de vous faire de l'ennui, de broyer du noir, à partir de
maintenant il n'en sera plus ainsi, et au lieu d'être triste, sombre, au lieu de vous faire du chagrin, de broyer du noir, vous serez gai, gai sans raison, c'est possible, mais gai tout de même, comme il pouvait vous arriver d'être triste sans raison: je dirai plus: même si vous avez des raisons vraies, des raisons réelles de vous faire de l'ennui et du chagrin, vous ne vous en ferez pas. « S'il vous arrive aussi parfois d'avoir des mouvements d'impatience ou de colère, ces mouvements, vous ne les aurez plus; vous serez, au contraire, toujours patient, toujours maître de vous-même,
et les choses qui vous ennuyaient, vous agaçaient, vous irritaient, vous laisseront dorénavant absolument indifférent et calme, très calme. « Si quelquefois vous êtes assailli, poursuivi, hanté par des idées mauvaises et malsaines pour vous, par des craintes, des frayeurs, des phobies, des tentations, des rancunes, j'entends que tout cela s'éloigne peu à peu des yeux de votre imagination et semble se fondre, se perdre comme dans un nuage lointain où tout doit finir par disparaître complètement. Comme un songe s'évanouit au réveil, ainsi disparaîtront toutes ces raines images. « J'ajoute que tous vos organes fonctionnent bien; le coeur bat normalement et la circulation du sang s'effectue comme elle doit s'effectuer; les poumons fonctionnent bien; l'estomac, l'intestin, le foie, la vésicule biliaire, les reins, la vessie, remplissent normalement leurs fonctions. Si l'un d'entre eux fonctionne actuellement d'une façon anormale, cette anomalie disparaît un peu chaque jour, de telle sorte que, dans un temps peu éloigné, elle aura disparu complètement, et cet organe aura repris sa fonction normale. « De plus, s'il existe quelques lésions dans l'un d'eux, ces lésions se cicatrisent de jour en jour, et elles seront rapidement guéries. » (A ce propos, je dois dire qu'il n'est pas nécessaire de savoir quel organe est malade pour le guérir. Sous l'influence de l'autosuggestion « tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux », l'inconscient exerce son action sur cet organe qu'il sait discerner lui-même.) « J'ajoute encore ceci, et c'est une chose extrêmement importante: Si, jusqu'à présent, vous avez éprouvé vis-à-vis de vous-même une certaine défiance, je vous dis que cette défiance disparaît peu à peu pour faire place, au contraire, à de la confiance en vous-même, basée sur cette force d'une puissance incalculable qui est en chacun de nous. Et cette confiance est une chose absolument indispensable à tout être humain. Sans confiance en soi, on n'arrive jamais à rien, avec de la confiance en soi, on peut arriver à tout (dans le domaine des choses
raisonnables, bien entendu). Vous prenez donc confiance en vous et la confiance vous donne la certitude que vous êtes capable de faire non seulement bien, mais même très bien, toutes les choses que vous désirez faire, à la condition qu'elles soient raisonnables, toutes les choses aussi qu'il est de votre devoir de faire. « Donc, lorsque vous désirerez faire quelque chose de
raisonnable, lorsque vous aurez à faire une chose qu'il est de votre devoir de faire, pensez toujours que cette chose est facile. Que. Les mots: difficile, impossible, je ne peux pas, c'est plus fort que moi, je ne peux pas m'empêcher de... disparaissent de votre vocabulaire, ils ne
sont pas français et ne sont pas aussi haïtien, sils ne sont pas aussi haïtien, ils ne sont pas aussi humain. Ce qui est français,  ce qui est humain, ce qui est haïtien, c'est: c'est facile et je peux. Si
vous considérez la chose comme facile, elle le devient pour vous alors qu'elle semblerait difficile aux autres, et cette chose vous la faites vite, vous la faites bien, vous la faites aussi sans fatigue parce que vous l'aurez faite sans effort. Tandis que si vous l'aviez considérée comme
difficile ou impossible, elle le serait devenue pour vous, tout simplement parce que vous l’auriez considérée comme telle. » A ces suggestions générales qui sembleront peut-être un peu
longues et même enfantines à quelques-uns, mais qui sont nécessaires, il faut ajouter celles qui s'appliquent au cas particulier du sujet que vous avez entre les mains. Toutes ces suggestions doivent être faites d'un ton monotone et berceur (en accentuant toutefois les mots essentiels) qui invite le sujet, sinon à dormir, du moins à s'engourdir, à ne plus penser à rien. Quand la série des suggestions est terminée, on s'adresse au sujet en ces termes : « En somme, j'entends qu'à tous points de vue, tant au point de vue physique qu'au point de vue moral, vous jouissiez d'une
excellente santé, d'une santé meilleure que celle dont vous avez pu jouir jusqu'à présent.    
Maintenant je vais compter jusqu'à « trois » et quand je dirai « trois », vous ouvrirez les yeux et sortirez de l'état où vous êtes, et vous en sortirez bien tranquillement; en en sortant, vous ne serez pas engourdi, pas fatigué le moins du monde, tout au contraire, vous vous sentirez fort, vigoureux, alerte, dispos, plein de vie; de plus, vous serez gai, bien gai et bien portant sous tous rapports. Un, deux, trois. » Au mot « trois », le sujet ouvre les yeux et sourit toujours avec, sur son visage, une expression de contentement et de bien-être.

Comment pratiquer l'autosuggestion consciente
Tous les marins au réveil et tous les soirs, aussitôt au lit, fermer les yeux et, sans chercher à fixer son attention sur ce que l'on dit, prononcer avec les lèvres, assez haut pour entendre ses propres
paroles et en comptant sur une cordelette munie de vingt noeuds, la phrase suivante: « Tous les ]ours, à tous points de vue, le vais de mieux en mieux. » Les mots « à tous points de vue » s'adressant à tout, il est inutile de se faire des autosuggestions particulières.
Faire cette autosuggestion d'une façon aussi simple, aussi enfantine, aussi machinale que possible, par conséquent sans le moindre effort. En un mot, la formule doit être répétée sur le ton
employé pour réciter des litanies. De cette façon, l'on arrive à la faire pénétrer mécaniquement dans l'inconscient par l'oreille et quand elle y a pénétré, elle agit. Suivre toute sa vie cette méthode qui est aussi bien préventive que curative. De plus, chaque fois que, dans le courant de la journée ou de la nuit, on ressent une souffrance physique ou morale, s'affirmer immédiatement à soi-même qu'on va la faire disparaître, puis s'isoler autant que possible, fermer les yeux, et, se passant la main sur le front, il s'agit de quelque chose de moral, ou sur la partie douloureuse, s'il
s'agit de quelque chose de physique, répéter extrêmement vite avec le lèvres, les mots: « Ça passe, ça passe, etc., etc. », aussi longtemps que cela est nécessaire. Avec un peu d'habitude on arrive à faire disparaître la douleur morale ou physique au bout de 20 à 25 secondes.
Recommencer chaque fois qu'il en est besoin. Il est donc facile de se rendre compte du rôle du suggestionneur. Ce n'est pas un maître qui ordonne, c'est un ami, un guide, qui conduit pas à pas le malade dans la voie de la guérison. Comme toutes ces suggestions sont données dans l'intérêt du malade, l'inconscient de ce dernier ne demande qu'à se les assimiler et à les transformer en
autosuggestion. Quand celle-ci s'est faite, la guérison s'obtient plus ou moins rapidement.
N.B. : La pratique de l'autosuggestion ne remplace pas un traitement médical, mais c'est une aide précieuse pour le malade comme pour le médecin.

Comment agit la suggestion
Pour bien comprendre le rôle de la suggestion ou plutôt de l'autosuggestion, il suffit de savoir que l'inconscient est le grand directeur de toutes nos fonctions. Faisons-lui croire, comme je l'ai  dit précédemment, que tel organe qui ne fonctionne pas bien doit bien fonctionner, instantanément il lui en transmet l'ordre, et, celui-ci obéissant docilement, sa fonction redevient normale, soit immédiatement, soit peu à peu. Ceci permet d'expliquer d'une façon aussi simple que claire comment, par la suggestion, on peut arrêter des hémorragies, vaincre la constipation, faire disparaître des fibromes, guérir des paralysies, des lésions tuberculeuses, des plaies variqueuses, etc. Je prendrai, comme exemple, le cas d'une hémorragie dentaire, cas que j'ai pu observer dans le cabinet de M. Gauthé, dentiste à Troyes. Une jeune fille, que j'avais aidée à se guérir d'un asthme qui durait depuis huit ans, me dit un jour qu'elle voulait se faire arracher
une dent. Comme je la savais très sensible, je lui offris de la lui faire extraire sans douleur. Naturellement elle accepta avec plaisir et nous prîmes rendez-vous avec le dentiste. Au jour dit, nous nous rendîmes chez lui et, me plaçant devant la jeune fille, je lui dis: « Vous ne sentez rien, vous ne sentez rien, vous ne sentez rien, etc. » et, tout en continuant ma suggestion, je fis signe
au dentiste. Un instant après, le dent était enlevée sans que Mlle D... eût sourcillé. Comme il arrive assez souvent, une hémorragie se déclara. Au lieu d'employer un hémostatique quelconque, je dis au dentiste que j'allais essayer de la suggestion, sans savoir à l'avance ce
qui se produirait. Donc» je priai Mlle D... de me regarder et je lui suggérai que, dans deux minutes, l'hémorragie s'arrêterait d'elle-même, et nous attendîmes. La jeune fille rejeta encore quelques crachats sanguinolents et ensuite plus rien. Je lui dis d'ouvrir la bouche, nous regardâmes et nous constatâmes qu'il s'était formé un caillot de sang dans la cavité dentaire.
Comment s'expliquer ce phénomène ? De la façon la plus simple. Sous l'influence de l'idée « l'hémorragie doit s'arrêter », l'inconscient avait envoyé aux artérioles et aux reines l'ordre de ne plus laisser s'échapper du sang et, docilement, elles s'étaient contractées naturellement comme elles l'auraient fait artificiellement au contact d'un hémostatique comme l'adrénaline, par exemple. Le même raisonnement nous permet de comprendre comment un fibrome peut disparaître. L'inconscient ayant accepté l’idée « le fibrome doit disparaître », le cerveau ordonne aux artères qui le nourrissent de se contracter, celles-ci se contractent, refusent leurs services, ne nourrissent plus le fibrome et celui-ci, privé de nourriture, meurt, se dessèche, se résorbe et disparaît.

Emploi de la suggestion pour la guérison des affections morales et des défauts
La déprime, si fréquente de nos jours, cède généralement à la suggestion pratiquée régulièrement de la façon que j'indique. J'ai eu le bonheur de contribuer à la guérison d'un grand nombre de
neurasthéniques chez lesquels tous les traitements avaient échoué. L'un d'eux même avait passé un mois dans un établissement spécial du Luxemburg sans obtenir d'amélioration. En six semaines, il a été complètement guéri, et c'est maintenant l'homme le plus heureux du monde, après s'être cru le plus malheureux. Et jamais plus il ne retombera dans sa maladie, car je lui ai appris à se faire de l'autosuggestion consciente, et il sait la pratiquer d'une façon merveilleuse.
Mais si la suggestion est utile dans le traitement des affections morales et physiques, quels services bien plus grands encore ne peut elle pas rendre à la société, en transformant en honnêtes gens les malheureux enfants qui peuplent les maisons de correction et qui ne sortent de là que pour entrer dans l'armée du crime ! Que l'on ne vienne pas me dire que cela est impossible. Cela est et je puis vous en fournir la preuve. Je citerai les deux cas suivants qui sont bien caractéristiques. Mais ici je dois ouvrir une parenthèse. Pour vous faire bien comprendre la façon dont la suggestion agit dans le traitement des tares morales, j'emploierai la comparaison suivante: Supposons que notre cerveau soit une planche dans laquelle sont enfoncées des pointes représentant nos idées, nos habitudes, nos instincts, qui déterminent nos actions. Si nous constatons qu'il existe chez un individu une mauvaise idée, une mauvaise habitude, un mauvais instinct, en somme, une mauvaise pointe, nous en prenons une qui est l'idée bonne, l'habitude bonne, l'instinct bon, nous la plaçons directement sur la tête de la mauvaise pointe et nous donnons dessus un coup de marteau, autrement dit, nous faisons une suggestion. La nouvelle pointe s'enfoncera d'un millimètre, par exemple, tandis que l'ancienne sortira d'autant. A chaque nouveau coup de marteau, c'est-à-dire à chaque nouvelle suggestion, elle s'enfoncera encore d'un millimètre et l'autre sortira d'un millimètre, de sorte qu'au bout d'un certain nombre de coups, l'ancienne pointe sera complètement sortie et remplacée par la nouvelle. Cette substitution
opérée, l'individu lui obéit.
J'en reviens à mes exemples: Le jeune M .... âgé de 11 ans, demeurant à Troyes, était sujet nuit et jour à certains petits accidents qui sont inhérents à la première enfance; de plus il était kleptomane et, naturellement, il mentait aussi. Sur la demande de sa mère, je lui fis de la suggestion. Dès la première séance, les accidents cessèrent pendant le jour, mais continuèrent pendant la nuit. Petit à petit, ils devinrent moins fréquents, et finalement, quelques mois après, l'enfant fut complètement guéri. En même temps, la passion du vol s'atténuait et, au bout de six mois, il ne volait plus.
Le frère de cet enfant, âgé de 18 ans, avait conçu contre un autre de ses frères une haine violente. Chaque fois qu'il avait bu un peu plus que de raison, il éprouvait l'envie de tirer son couteau et  d'en frapper son frère. Il sentait que cela se produirait un jour et il sentait en même temps qu'après avoir accompli son crime, il se mettrait à sangloter sur
le corps de sa victime. Je lui fis également de la suggestion. Chez lui le résultat fut
merveilleux. Dès la première séance il fut guéri. Sa haine pour son frère avait disparu, et depuis lors ils furent tous deux bons amis, cherchant à s'être agréables l'un à l'autre.
Je l'ai suivi pendant longtemps, la guérison persistait toujours.
                                                                 
Ramener plus de 50 % dans le droit chemin
Quand, par la suggestion, on obtient de semblables résultats, ne semble-t-il pas utile, je dirai plus indispensable, d'adopter cette méthode et de l'introduire dans les maisons de correction ? Je suis
absolument certain que, par une suggestion journellement appliquée à des enfants vicieux, on en ramènerait plus de 50 % dans le droit chemin. Ne serait-ce pas rendre à la société un service immense que de lui redonner sains et bien portants des membres auparavant rongés par la pourriture morale ? On m'opposera peut-être qu'il y a danger à employer la suggestion, qu'on peut s'en servir pour faire le mal. Cette objection n'a aucune valeur, d'abord parce que la pratique de la suggestion serait confiée à des gens sérieux et honnêtes, aux médecins des maisons de
correction par exemple, et que, d'autre part, ceux qui cherchent à s'en servir pour le mal n'en demandent la permission à personne. Mais, en admettant même qu'elle offre quelque danger (ce qui n'est pas), je demanderai à celui qui me ferait cette objection quelle est la chose que nous employons qui est sans danger. Est-ce la vapeur ? Est-ce l'électricité, les automobiles, les aéroplanes ? Sont-ce les poisons que nous, médecins et pharmaciens, employons chaque jour à
dose infinitésimale et qui peuvent foudroyer le malade si, dans un moment d'inattention, nous avons le malheur de nous tromper dans une pesée ?

La formule que les parents doivent utiliser pour débarrasser des  défauts à leurs enfants : 
Je tiens à vous dire encore quelques mots sur un procédé excellent à employer par les parents pour faire l'éducation de leurs enfants et les débarrasser de leurs défauts. Ils doivent pour cela attendre que l'enfant soit endormi. L'un d'eux pénètre avec précaution dans sa chambre, s'arrête à un mètre de son lit et lui répète quinze ou vingt fois en murmurant toutes les choses qu'il
désire obtenir de lui, tant au point de vue de la santé, du sommeil, que du travail, de l'application, de la conduite, etc., puis il se retire, comme il est venu, en prenant bien garde d'éveiller l'enfant.
Ce procédé extrêmement simple donne les meilleurs résultats et il est facile d'en comprendre le pourquoi. Quand l'enfant dort, son corps et son être conscient se reposent, ils sont pour ainsi dire annihilés, mais son être inconscient veille; c'est donc à ce dernier seul que l'on s'adresse, et, comme il est très crédule, il accepte ce qu'on lui dit, sans discussion; et, petit à petit, l'enfant arrive à faire de lui-même ce que les parents désirent.

L'Éducation telle qu'elle devrait être
Chose qui peut sembler paradoxale au premier abord, l'éducation de l'enfant doit commencer avant sa naissance. En effet, si une femme qui a conçu depuis quelques semaines se fait dans l'esprit l'idée de l'enfant qu'elle mettra au monde, des qualités physiques et morales qu'elle désire lui voir posséder, et qu'elle continue, pendant le temps de la gestation, à se faire la même image, l'enfant aura vraisemblablement les qualités imaginées. Les femmes spartiates n'engendraient que des enfants robustes, qui devenaient plus tard des guerriers redoutables, parce que leur plus grand désir était de donner de tels hommes à la patrie, tandis qu'à Athènes les femmes avaient des  enfants intellectuels chez lesquels les qualités de l'esprit l'emportaient de cent coudées sur les qualités physiques.
          L'enfant ainsi procréé sera donc apte à accepter facilement les bonnes suggestions qui lui seront faites et à les transformer en autosuggestion qui détermineront plus tard la conduite de sa vie. Car il faut savoir que toutes nos paroles, tous nos actes ne sont que le résultat d'autosuggestions causées la plupart du temps par la suggestion de l'exemple ou de la parole.
Que doivent donc faire les parents et les maîtres pour éviter de provoquer de mauvaises autosuggestions et pour en faire naître de bonnes chez les enfants ? Etre toujours avec eux d'une humeur égale, leur parler d'un ton doux, mais cependant ferme. On les amène ainsi à obéir sans même qu'ils aient la tentation de résister. Surtout, surtout qu'on évite de les brutaliser, car on risquerait de déterminer chez eux l'autosuggestion de crainte, accompagnée de haine. Eviter aussi avec soin de dire devant eux du mal de personnes quelconques, comme cela se fait souvent dans les salons où, sans en voir l'air, on déchire à belles dents une bonne amie absente. Fatalement ils suivraient cet exemple funeste et pourraient quelquefois causer plus tard de véritables catastrophes. Eveiller chez eux le désir de connaître les choses de la nature et chercher à les intéresser en leur donnant très clairement toutes les explications possibles en employant un ton enjoué et de bonne humeur. Par conséquent, répondre à leurs questions avec complaisance au lieu de les repousser en leur disant: « Tu m'ennuies, laisse-moi tranquille, on t'expliquera plus tard. » Sous aucun prétexte, ne jamais dire à un enfant: « Tu n'es qu'un paresseux, un propre à rien, etc. », parce que cela créerait chez lui des défauts qu'on lui reproche. Si un enfant est paresseux et ne fait jamais que de mauvais devoirs, on devra lui dire un jour, alors même que cela ne serait pas absolument vrai: « Ah ! aujourd'hui tu as mieux fait que d'habitude, c'est bien, mon petit. » L'enfant, flatté de cet éloge auquel il n'est pas habitué, travaillera certainement mieux la fois suivante et peu à peu, grâce à des encouragements donnés avec discernement, il arrivera à devenir réellement travailleur. Eviter à tout prix de parler de maladies devant les enfants, ce qui pourrait en déterminer. Leur apprendre au contraire que la santé est l'était normal de l'homme et que la maladie est une anomalie, une espèce de déchéance que l'on évitera en vivant d'une façon sobre et réglée. Ne pas créer de défauts chez eux, en leur apprenant à craindre
ceci ou cela, le froid, le chaud, la pluie, le vent, etc., l'homme étant fait pour supporter tout cela impunément. sans en souffrir et sans se plaindre. Ne pas rendre l'enfant craintif en lui parlant de Croque-mitaine et de loups-garous, car la peur contractée dans l'enfance risque de persister plus tard. Donc, ceux qui n'élèvent pas eux-mêmes leurs enfants doivent bien choisir les personnes auxquelles ils les confient. Il ne suffit pas que celles-ci aiment les enfants, il faut encore qu'elles aient les qualités que l'on désire que les enfants possèdent. Eveiller en eux l'amour du travail et de l'étude en les leur rendant faciles, en leur expliquant, comme je viens de le dire, les choses
clairement et aussi d'une façon plaisante, en introduisant dans les explications quelque anecdote amusante qui fait désirer à l'enfant les leçons suivantes. Leur inculquer surtout que le travail est indispensable à l'homme, que celui qui ne travaille pas d'une façon quelconque est un inutile,
que tout travail procure à celui qui l'accomplit une satisfaction saine et profonde, tandis que l'oisiveté, tant rêvée par les uns, crée l'ennui, la déprime, le dégoût de la vie, et conduit à la débauche et même au crime celui qui ne possède pas les moyens de satisfaire les passions
qu'il s'est créées par l'oisiveté. Enseigner aux enfants à être toujours polis et aimables vis-à-vis
de tous et plus particulièrement envers ceux que le hasard de la naissance a placés dans une classe inférieure à la leur, à respecter la vieillesse et à ne pas se moquer des défauts physiques ou moraux qui sont souvent la conséquence de l'âge. Leur apprendre que l'on doit aimer tout le monde sans distinction de position sociale, qu'on doit être toujours prêt à secourir celui qui est
dans le besoin et à ne pas craindre de dépenser son temps et son argent pour lui; que l'on doit en un mot songer plus aux autres qu'à soi-même; enfin qu'en agissant ainsi on éprouve, sans la chercher, une satisfaction intime que l'égoïste cherche toujours sans jamais la trouver.
Développer chez eux la confiance en eux-mêmes, leur apprendre qu'avant de faire une chose, on doit la soumettre au contrôle de la raison, en évitant d'agir d'une façon impulsive, et que, après l'avoir raisonnée, on doit prendre une décision sur laquelle on ne revient plus, à moins que l'on n'ait la preuve qu'on s'est trompé. Leur apprendre surtout que chacun doit partir dans la vie avec
l'idée bien précise, bien arrêtée, qu'il arrivera et que, sous l'influence de cette idée, il arrivera fatalement, non pas qu'il doive tranquillement attendre les événements, mais parce que, poussé par cette idée, il fera ce qu'il faut pour cela; il saura profiter des occasions ou même de l'unique occasion qui passera près de lui, cette occasion n'eût-elle qu'un seul cheveu: tandis que celui qui doute de lui-même, c'est le Constant Guignard, à qui rien ne réussit, parce qu'il fait tout ce qu'il
faut pour ne pas réussir. Celui-ci pourra nager dans un océan d'occasions pourvues de chevelures absaloniennes, il ne trouvera pas le moyen d'en saisir une seule, et il déterminera souvent les
événements qui le feront échouer, alors que celui qui a en lui-même l'idée du succès fera naître, quelquefois d'une façon inconsciente, ceux qui amèneront le succès. Mais avant tout, que les parents et les maîtres prêchent d'exemple. L'enfant est extrêmement suggestible. Tout ce qu'il voit faire, il le fait: donc les parents sont tenus de ne donner que de bons exemples aux enfants.

       Dès que les enfants peuvent parler, leur faire répéter matin et soir, vingt fois de suite, la phrase: « Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux », qui leur procurera une excellente santé physique et morale. On aidera puissamment à faire disparaître les défauts de l'enfant et à développer chez lui les qualités opposées en lui faisant de la suggestion comme suit:
Chaque soir, dans l'obscurité, s'approcher du lit de l'enfant pendant son premier sommeil (le plus profond); rester à un mètre de sa tête environ, et à voix basse, pour ne pas l'éveiller, dans une espèce de murmure, commencer par lui suggérer le sommeil en répétant lentement cinq ou six fois de suite: « Tu dors de mieux en mieux. » Puis, passant à la suggestion proprement dite, nommer pour son inconscient l'amélioration physique ou morale qu'on désire obtenir, en ayant bien soin de n'employer que des formules positives. Ne faire d'abord qu'une ou deux suggestions de suite, en les répétant une vingtaine de fois; ne passer à d'autres qu'après résultats acquis avec les premières.

Exemples de suggestions
1°) Pour le mental: à un enfant paresseux, poltron ou menteur, on ne dira pas: « Tu n'es plus paresseux, tu n'es plus poltron, tu n'es plus menteur », mais : « Tu deviens travailleur, appliqué, brave, de plus en plus franc et sincère. »

2°) Pour le physique: « Tu prends de l'appétit, tu digères mieux, tes poumons se fortifient, tu deviens robuste, tu te développes normalement, etc... »

3°) Pour l'incontinence d'urine, n'employer que des paroles que l'enfant peut comprendre suivant son âge. Exemples:
1°) A un tout petit: « Tu appelles toujours ta maman... et ton dodo est toujours bien propre. »
2°) A un plus grand : « Tu peux te retenir maintenant toute la nuit, et ton lit est toujours sec et propre. » Si l'enfant se réveille pendant qu'on lui parle, s'arrêter immédiatement ; mieux vaut remettre au lendemain; l'inconscient continuera à travailler d'après les paroles reçues, et les parents seront étonnés des résultats qu'on peut obtenir par ce procédé extrêmement simple.
Il est facile d'en comprendre la raison. Quand l'enfant dort, son corps et son être conscient se reposent, ils sont pour ainsi dire annihilés, mais son être inconscient veille; c'est donc à ce dernier seul que l'on s'adresse et, comme il est très crédule, il accepte ce qu'on lui dit, sans discussion, et petit à petit l'enfant arrive à faire de lui-même ce que les parents désirent.
Mais surtout procéder avec régularité, patience et persévérance, les résultats étant rarement spontanés.
Remarque. -- Dans la journée, ne parler ni à l'enfant ni devant lui de ce qu'on fait pendant son sommeil.
Enfin il serait à souhaiter que chaque matin les maîtres tissent de la suggestion à leurs élèves de la façon suivante. Après leur avoir fait fermer les yeux, ils leur diraient: « Mes amis, j'entends que vous soyez toujours des enfants polis, aimables envers tout le monde et obéissants
vis-à-vis de vos parents et de vos maîtres, et quand ceux-ci vous donneront un ordre ou vous feront une observation, vous tiendrez toujours compte de l'ordre donné ou de l'observation faite, sans que cela vous ennuie. Vous pensiez autrefois que quand on vous faisait une observation, c'était pour vous ennuyer : maintenant vous comprenez très bien que c'est dans votre intérêt seul qu'on vous l'adresse; par conséquent, loin d'en vouloir à la personne qui vous la fait, vous lui en
êtes au contraire reconnaissants. « De plus, vous aimerez le travail, quel qu'il soit; mais comme
actuellement il consiste pour vous dans l'étude, vous aimerez toutes les choses que vous devez étudier, même et surtout celles que vous n'aimiez pas autrefois. Donc, lorsque vous serez en classe» et que le professeur fera une leçon, vous porterez uniquement, exclusivement votre attention sur ce qu'il dira, sans vous occuper des sottises que pourraient faire ou dire vos camarades et surtout sans en faire ou en
dire vous-mêmes. « Dans ces conditions, comme vous êtes intelligents, car vous êtes intelligents, mes amis, vous comprendrez facilement et vous retiendrez de même : les choses que vous aurez apprises s'emmagasineront dans un casier de votre mémoire où elles resteront à votre disposition et d'où vous les tirerez au moment du besoin. « De même lorsque vous travaillerez seuls, à l'étude ou à la maison, que vous ferez un devoir ou que vous étudierez une leçon, là encore vous porterez uniquement, exclusivement votre attention sur le travail que vous faites, et vous aurez ainsi toujours de bonnes notes pour vos devoirs et vos leçons. » Tels sont les conseils qui, s'ils sont bien suivis, donneront des enfants pourvus des meilleures qualités physiques et morales.

Ce que je dis
Ma théorie de l'autosuggestion consciente et la pratique de ma méthode ont déjà été exposées dans La Maîtrise de soi-même et certainement mes explications étaient claires, puisque nombre de personnes ont pu, rien que pour avoir lu mon livre, arriver à se guérir de maladies souvent graves qu'aucun traitement n'avait pu améliorer. Cependant, afin de me faire mieux comprendre, j'ai voulu présenter mes idées d'une façon encore plus claire. C'est pourquoi j'ai rassemblé dans cet opuscule tout ce que je dis au cours de mes conférences en donnant les raisons qui m'ont amené à conseiller de pratiquer l'autosuggestion de la façon que j'indique. De plus, les considérations sur l'inconscient, que je donne pour terminer, permettent de comprendre facilement par quel mécanisme il arrive à ses fins.
De tout temps les hommes ont été amis du mystère et du surnaturel. Dès qu'il voient un fait auquel ils ne sont pas habitués et qu'ils ne comprennent pas, immédiatement ils l'attribuent à une cause surnaturelle, jusqu'au jour où l'on découvre la loi qui l'a déterminé. Depuis les âges les plus reculés, il y a eu et il y a encore des guérisseurs ou plutôt des pseudo-guérisseurs qui, par des gestes, l'imposition des mains, des paroles, des cérémonies plus ou moins impressionnantes, déterminent souvent des guérisons instantanées qui plongent les assistants dans une sorte d'étonnement enthousiaste ou craintif; car, pour certaines personnes, de tels faits sont dus à
l'intervention de l'Esprit malin. Dans l'ancienne Grèce, des malades, après s'être fait coudre dans
une peau de bête fraîchement tuée, passaient la nuit sur les marches du temple d'Athénée, et le lendemain ils étaient souvent guéris. Les rois de France guérissaient les écrouelles par simple
imposition des mains; le baquet de Mesmer débarrassait de leurs maux ceux qui tenaient l'une des chaînes plongées dans ce baquet; le zouave. Jacob obtenait des résultats indéniables par la soi-disant projection de son fluide; de nos jours, de tels résultats sont obtenus par la Christian
Science, par la Pensée Nouvelle, par des procédés dits magnétiques, par l'hypnotisme, etc.
Pour la plupart des gens ces guérisons sont mystérieuses, elles sont dues à une puissance particulière dont sont doués ceux qui les déterminent, alors qu'il faut les rapporter à une force toute naturelle qui obéit à des lois et dont nous parlons tout à l'heure.


On peut définir l’autosuggestion comme étant : l'action de
S’implanter soi-même une idée dans l'esprit.

Nous sommes à l'autosuggestion ce que M. Jourdain était à la prose. Celui-ci fut bien étonné le jour où, ayant dépassé l'âge de cinquante ans, il apprit de son maître de français qu'il faisait déjà de la prose le jour où il commençait à balbutier: « Papa, maman », et qu'il en faisait encore quand il disait: « Belle marquise, vos beaux yeux me font mourir d'amour ». Il en est sans doute de même pour vous quand je vous dis que vous pratiquez l'autosuggestion depuis le jour de votre naissance et que vous la pratiquerez jusqu'au moment où vous rendrez le dernier soupir.
L'absence de l’enseignement de la suggestion dans la médecine est regrettable, car comparons chacun de nous à une automobile dont le corps est la carrosserie et l'esprit le moteur, nous voyons que, dans ces Ecoles, les étudiants apprennent à soigner le corps, c'est-à-dire la carrosserie, mais ils ignorent l'esprit, autrement dit le moteur. De sorte que, s'il se produit une panne de moteur et que celle-ci ne se répare pas d'elle-même, la voiture ne peut plus se mouvoir. Si au contraire, les étudiants savaient aussi soigner l'esprit, autrement dit le moteur, ils la
remettraient facilement en marche.

Comment il faut pratiquer l'autosuggestion consciente
Tous les matins, au réveil, et tous les soirs, aussitôt au lit, fermer les yeux et, sans chercher à fixer son attention sur ce que l'on dit, prononcer avec les lèvres, assez haut pour entendre ses propres paroles et en comptant sur une ficelle munie de vingt noeuds, la phrase suivante: « Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux ». Les mots « à tous points de vue » s'adressant à tout» il est inutile d'avoir recours à des autosuggestions particulières. Faire cette autosuggestion d'une façon aussi simple, aussi enfantine, aussi machinale que possible, par conséquent sans le moindre effort. En un mot, la formule doit être répétée sur le ton employé pour réciter des litanies. De cette façon, l'on arrive à la faire pénétrer mécaniquement dans l'Inconscient par l'oreille et, quand elle y a pénétré, elle agit. Suivre toute sa vie cette méthode qui est aussi bien préventive que curative.
De plus chaque fois que, dans le courant de la journée ou de la nuit, l'on ressent une souffrance physique ou morale, s'affirmer immédiatement à soi-même qu'on n'y contribuera pas consciemment et qu'on va la faire disparaître, puis s'isoler autant que possible, fermer les yeux et, se passant la main sur le front, s'il s'agit de quelque chose de moral, ou sur la partie douloureuse, s'il s'agit de quelque chose de physique, répéter extrêmement vite, avec les lèvres, les mots : « Ça
passe, ça passe etc., etc. » aussi longtemps que cela est nécessaire. Avec un peu d'habitude, on arrive à faire disparaître la douleur morale ou physique au bout de 20 à 25 secondes. Recommencer chaque fois qu'il en est besoin.
Remarques :
1) La pratique de l'autosuggestion ne remplace pas un traitement médical, mais c'est une aide précieuse pour le malade comme pour le médecin.
2) Chaque jour je reçois des lettres de personnes qui m'exposent
longuement tous les symptômes dont elles souffrent et me demandent ce qu'elles doivent faire dans leur cas. Ces lettres sont inutiles.

Ma méthode étant générale et, par conséquent, s'adressant à tout, je n'ai pas de conseils particuliers à donner, quels que soient les cas. La seule chose à faire est tout en continuant soigneusement le traitement prescrit par le docteur, de suivre très exactement les
conseils donnés d'autre part. Si on les suit bien, c'est-à-dire, en évitant tout effort, on obtiendra
tout ce qu'il est humainement possible d'obtenir. Je dois ajouter que souvent j'ignore où s'arrêtent les limites de la possibilité.

N.B. : Ce ne sont pas les années qui font la vieillesse, mais bien l'idée qu'on devient vieux; il y a des hommes qui sont jeunes à 80 ans et d'autres qui sont vieux à 40. L'altruiste trouve sans le chercher ce que l'égoïste cherche sans le trouver. Plus vous faites de bien aux autres, plus vous vous en faites à vous-même. Est riche qui se croit riche, pauvre qui se croit pauvre. Celui qui possède de grandes richesses devrait en consacrer une grande partie à faire du bien. Quand deux personnes vivent ensemble, les concessions dites mutuelles viennent presque toujours de la même personne.
Voulez-vous ne jamais vous ennuyer ? Ayez plusieurs dadas.
Quand vous serez fatigué de l'un d'eux, vous en enfourcherez un autre.

L'hérédité existe surtout par l'idée qu'on se fait qu'elle est d'une
réalisation fatale. Quiconque est né riche ne sait pas ce que c'est que la richesse; quiconque a toujours joui d'une bonne santé ignore le trésor qu'il possède. Pour jouir de la richesse, il faut avoir mangé de la vache enragée; pour jouir de la santé, il faut avoir été malade.
Il vaut mieux ne pas savoir d'où vient le mal et le faire passer que de le savoir et de le conserver.
Simplifier toujours sans jamais compliquer. Les stoïciens s'appuyaient sur l'imagination en ne disant pas : « Je ne veux pas souffrir », mais : « Je ne souffre pas. » On ne peut avoir qu'une idée à la fois dans l'esprit: les idées s'y succèdent sans se superposer. Je n'impose rien à personne, j'aide simplement les gens à faire ce qu'ils désireraient faire, mais qu'ils se croient incapables de faire. C'est non pas une lutte, mais une association qui existe entre eux et moi. Ce n'est pas moi qui agis, mais une force qui existe en eux et dont je leur apprends à se servir. Ne vous inquiétez pas de la cause du mal, constatez simplement l'effet et faites-le disparaître. Peu à peu votre inconscient fera disparaître aussi la cause si cela est possible.
Les mots « je voudrais bien » amènent toujours « mais je ne peux pas ». Si vous souffrez, ne dites jamais : « Je vais essayer de faire disparaître cela », mais; « Je vais faire disparaître cela »; car lorsqu'il y a doute, il n'y a pas de résultat.
           La clef de ma méthode réside dans la connaissance de la supériorité de l'imagination sur la volonté.Si ces deux forces vont dans le même sens, si l'on dit: « Je veux et
je peux », c'est parfait; autrement, c'est toujours l'imagination qui l'emporte sur la volonté.
Apprenons à cultiver notre caractère, apprenons à dire les choses promptement, nettement, simplement et avec une détermination calme: parlons peu, mais clairement; ne disons que juste ce qu'il faut. Cultivons l'empire sur nous-mêmes. Evitons la colère, car la colère use notre réserve d'énergie; elle nous affaiblit .... Elle n'accomplit jamais rien de bon; elle ne fait que détruire et toujours elle est un obstacle au succès. Soyons calmes, doux, bienveillants, sûrs de nous, et de plus, sachons nous suffire à nous-mêmes. L'inconscient dirige tout chez nous, et le physique et le moral. C'est lui qui préside au fonctionnement de tous nos organes et même de la plus petite cellule de notre individu par l'intermédiaire des nerfs. Craindre la maladie, c'est la déterminer.
C'est se faire illusion que de croire qu'on n'a plus d'illusions. Ne passez pas votre temps à chercher les maladies que vous pouvez avoir, car si vous n'en avez point de réelles, vous vous en
créerez d'artificielles. Lorsque vous vous faites consciemment de l'autosuggestion, faites-la tout naturellement, tout simplement, avec conviction et surtout sans aucun effort. Si l'autosuggestion inconsciente et souvent mauvaise se réalise si facilement, c'est parce qu'elle est faite sans
effort. Ayez la certitude d'obtenir ce que vous cherchez et vous l'obtiendrez, pourvu que cette chose soit raisonnable. Pour devenir maître de soi-même, il suffit de penser qu'on le devient. Vos mains tremblent, vos pas sont incertains, dites-vous bien que tout cela est en train de disparaître, et peu à peu cela disparaîtra. Ce n'est pas en moi qu'il faut avoir confiance, mais en vous-même, car c'est en vous seul que réside la force qui vous guérira. Mon rôle consiste simplement à vous apprendre à vous servir de cette force. Ne discutez jamais des choses que vous ne connaissez pas: autrement vous ne direz que des sottises. Les choses qui vous semblent extraordinaires ont une cause tout naturelle; si elles vous paraissent extraordinaires, c'est que cette cause vous échappe. Lorsqu'elle vous est connue, il n'y a plus rien pour vous que de naturel. Quand il y a conflit entre la volonté et l'imagination, c'est toujours l'imagination qui l'emporte. Dans ce cas trop fréquent, non seulement nous ne faisons pas ce que nous voulons, mais le contraire de ce que nous voulons. Exemple: plus nous voulons dormir, plus nous voulons trouver le nom d'une personne, plus nous voulons nous empêcher de rire, plus nous voulons éviter un obstacle en pensant que nous ne pouvons pas, plus nous sommes surexcités, plus un nom nous fuit, plus notre rire éclate, plus droit nous courons sur l'obstacle. C'est donc l'imagination et non la volonté qui est la première faculté de l'homme; aussi est-ce commettre une grave erreur que de recommander aux gens de faire l'éducation de leur volonté, c'est l'éducation de leur imagination qu'ils doivent faire. Les choses ne sont pas pour nous ce qu'elles sont, mais ce qu'elles nous semblent être; ainsi s'expliquent les témoignages contradictoires de personnes qui se croient de bonne foi. Se croire maître de ses pensées fait qu'on en devient maître. Chacune de nos pensées, bonne ou mauvaise, se concrétise se matérialise, devient en un mot une réalité dans le domaine de la possibilité. Nous sommes ce que nous nous faisons et non pas ce que le sort nous fait.
Quiconque part dans la vie avec l'idée « j'arriverai », arrive fatalement, parce qu'il fait ce qu'il faut pour arriver. Si une seule occasion passe près de lui, cette occasion n'eût-elle qu'un cheveu, il la saisit par le seul cheveu qu'elle a. De plus, il fait souvent naître, inconsciemment ou non, les événements propices. Celui qui, au contraire, doute toujours de lui-même, (c'est M. Constant Guignard) n'arrive jamais à rien. Celui-là peut nager dans un océan d'occasions pourvues de chevelures absaloniennes, il ne les verra pas et ne pourra pas en saisir une seule, alors qu'il suffirait d'étendre la main pour le faire. Et s'il fait naître des événements, ce seront des événements nuisibles. N'accusez donc pas le sort, ne vous en prenez qu'à vous-même.
On prêche toujours l'effort, il faut le répudier. Car qui dit effort dit volonté, qui dit volonté dit entrée en jeu possible de l'imagination en sens contraire, d'où, dans ce cas, résultat précisément contraire à celui que l'on cherche à obtenir.
Toujours considérer comme facile la chose à faire si elle est possible. Dans cet état d'esprit, on ne dépensera de sa force que juste ce qui est nécessaire; si on la considère comme difficile, on dépense dix fois, vingt fois plus de force qu'il ne faut; autrement dit, on la gaspille.
L'autosuggestion est un instrument dont il faut apprendre à se servir comme on le fait pour tout autre instrument. Un fusil excellent entre des mains inexpérimentées ne donne que de piètres résultats, mais plus ces mêmes mains deviennent habiles, plus facilement elles placent les balles dans la cible. L'autosuggestion consciente, faite avec confiance, avec foi, avec persévérance, se réalise mathématiquement dans le domaine des choses raisonnables. Si certaines personnes n'obtiennent pas de résultats satisfaisants avec l'autosuggestion, c'est, ou bien qu'elles manquent de confiance, ou bien parce qu'elles font des efforts, ce qui est le cas le plus fréquent. Pour se faire de la bonne suggestion, il est absolument nécessaire de ne faire aucun effort. L'effort implique l'emploi de la volonté tandis que la volonté doit être nécessairement laissée de côté.
C'est exclusivement à l'imagination qu'il faut avoir recours. Nombre de personnes qui se sont soignées en vain pendant toute leur vie s'imaginent qu'elles se trouveront immédiatement guéries par la suggestion. C'est une erreur, il n'est pas raisonnable de penser ainsi. Il ne faut demander à la suggestion que ce qu'elle doit produire normalement, c'est-à-dire une amélioration progressive, qui peu à peu se transforme en une guérison complète lorsque c'est possible. Les procédés employés par les guérisseurs se ramènent tous à l'autosuggestion, c'est-à-dire que ces procédés, quels qu'ils soient: paroles, incantations, gestes, mise en scène, ont pour effet de provoquer chez les malades l'autosuggestion de guérison.


Méthode d'EMILE COUÉ...

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